Inauguration de la plaque à la mémoire de Paul Gauguin, 8 rue Carcel, le 12 septembre 2019
Nous étions quelques représentants de la SHA (MM. Hugues Dewynter et Michel Périn, M. et Mme Lostis, Mmes A. Beaudot et G. Mercier) présents à la cérémonie au cours de laquelle la plaque fut dévoilée, devant une bonne soixantaine de personnes, dont quelques religieuses « Oblates du Cœur de Jésus » en charge du foyer de jeunes filles, installé depuis 1924, au 8 rue Carcel.
MM P. Goujon, maire du XVème arrdondissement., C. Girard adjoint à la Mairie de Paris pour la culture ainsi qu’une représentante du musée d’Orsay, Ophélie Ferlier-Bouat firent les développements et commentaires qui s’imposaient. Étaient présentes également Mmes S. Ceyrac et E. de Fresquet, élues du XVème.
Voici quelques clichés de la cérémonie :
À gauche, voici le tableau choisi pour « présider » la cérémonie de la rue Carcel. tableau qui avait été installé sur chevalet ; les intervenants en ont parlé de la façon suivante : il s'agit en fait d'un portrait au triple visage, dans lequel l'artiste révèle différentes facettes de sa personnalité. Alors méconnu, incompris, abandonné par sa femme Mette, qui est rentrée au Danemark avec leurs cinq enfants, Gauguin peine à obtenir une mission officielle pour partir aux colonies.
Dans la figure centrale, le regard fixe que Gauguin adresse au spectateur exprime le poids de sa tristesse, de ses difficultés, mais aussi toute sa détermination à poursuivre son combat artistique.
Il représente derrière lui deux autres de ses portraits, réalisées en 1888 à Pont-Aven : à gauche de l'oeuvre se trouve Le Christ jaune, image de la souffrance sublimée, auquel Gauguin prête ses propres traits. Mais le bras étendu par le Christ au-dessus de la tête du peintre évoque également un geste protecteur. Le jaune de ce tableau, couleur fétiche de l'artiste, s'oppose au rouge du Pot à tabac autoportrait en forme de tête de grotesque, posé à droite, sur une étagère. Ce pot anthropomorphe que Gauguin décrivait lui-même comme une "tête de Gauguin le sauvage" porte la trace du grand feu qui en a pétrifié la matière. Avec son masque grimaçant et sa facture primitive, il incarne les souffrances et le caractère sauvage de la personnalité de Gauguin. « J'aime la Bretagne : j'y retrouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j'entends le son sourd, mat et puissant que je cherche en peinture. » Ce tableau est visible au musée d’Orsay ainsi que nous l’a rappelé la jeune et charmante conservatrice Ophélie Ferlier-Bouat. Dans son excellente intervention, cette conservatrice du musée d'Orsay nous a livré quelques anecdotes : en particulier que P. Gauguin fut très inspiré par un papier de tapisserie de son appartement ; les motifs se retrouvent dans plusieurs tableaux, y compris des tableaux peints en Polynésie !”
Portrait de l’artiste au Christ Jaune (1889)
Par ailleurs, voici un extrait d’un texte, obligeamment prêté par Michel Périn. Ce texte est issu de la promenade qu’il organisa le 25 mai 1994, au cours de laquelle la SHA apprit que Gauguin résida rue Carcel. Le 111, puis le 109, dont il est question dans l’extrait ci-joint, étaient situés rue Blomet :
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"Au 111 petite maison basse ancienne qui servait d'annexe à la paroisse. Au 109, une jolie maison d'un étage, qui pourrait dater du siècle dernier, a été acquise en 1916 par les religieuses "Oblates du soeur de Jésus", et qui devaient acheter aussi en 1924 le n° 8 rue Carcel et ouvrir en 1926 le foyer de jeunes filles qui existe encore, agrandi par l'acquisition de l'immeuble voisin. Ce foyer héberge 60 jeunes filles et comporte une chapelle. La directrice, laïque, Mme Valloteau, nous a appris que Gauguin habité le 8 rue Carcel de 1879 à 1883, attiré par Jobbé-Duval avec qui il avait sympathisé. Il a vécu ici avec sa femme et ses enfants y sont nés. Il peignait dans un atelier du premier étage, aujourd'hui transformé en chambre ; on reconnaît encore au rez-de-chaussée le salon et la salle à manger, mais le bâtiment a subi depuis des modifications, une salle ayant été bâtie à l'emplacement du jardin. Mais le jardin derrière le 109 rue Blomet est encore plein de charme (dans un tableau peu connu, Gauguin l'a peint sous la neige)."