SEXTIUS MICHEL (1827-1906)
Le flamboyant maire du XVème arrondissement
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(Michel DEBONNE/bulletin n° 19)
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Dimanche 25 mars 1906. Affluence considérable dans la rue Violet. Devant le 54bis, un piquet d'infanterie rend les honneurs. La bière est portée dans le corbillard qui disparaît sous les couronnes de fleurs. Le cortège se dirige vers l'église Saint-Jean-Baptiste de Grenelle. Après la messe, le convoi repartira vers le cimetière, suivi par plusieurs centaines de personnes. D'anciens soldats à la retraite venus rendre un dernier hommage à celui qui fut en 1870 leur camarade au 45ème bataillon de la 15ème légion de la garde nationale affecté aux portes de Vanves et d'Issy-Vaugirard. Les deux fils du défunt sont entourés de nombreuses personnalités : le préfet, le président du conseil municipal, des sénateurs, députés et conseillers de tous bords, accompagnent la dépouille de Sextius Michel, qui fut le maire le plus aimé des habitants du du XVème arrondissement.Premier magistrat de la commune ,depuis le 7 juillet 1871, il était fier de ses fonctions, et n'en voulut jamais d'autres. Constamment réélu, il les assuma jusqu'à son dernier souffle, c'est-à-dire pendant trente cinq ans, un record. Il était admiré pour son dévouement et sa conscience profession-nelle : chaque jour durant sa très longue mandature, il se rendait (à pied) à son bureau de la nouvelle mairie dont il lança la construction en 1876. A son actif aussi, la fondation de l'une des premières Caisses des écoles de Paris, permettant d'assurer le fonctionnement de cantines scolaires et d'une colonie de vacances.. Un précurseur également qui conçut en 1900 une mutualité scolaire dans le but de verser aux parents des jeunes sociétaires malades une indemnité journalière durant le temps de la maladie de l'enfant. Pour les adultes, ce militant pour le développement de la culture fonda à Grenelle les cours du soir de l'Association Philotechnique. Les badauds qui se pressaient le long du parcours notèrent également la présence de plusieurs dizaines de poètes, qu'à leurs capes et chapeaux à larges bords on devinait d'origine provençale, venus honorer et pleurer le président des félibres de Paris. En effet, né le 28 octobre 1827 à Sénas (Provence) dans l'hostellerie paternelle et après des études au collège d'Aix,où se révéla sa vocation précoce de poète, Sextius Michel vint à Paris rêvant un avenir de poémier. Malgré la diversité de ses activités, il ne s'éloigna jamais de la littérature. Il fut l'auteur de deux volumes de vers, de plusieurs comédies, fonda et anima le Félibrige de Paris, centre d'accueil des poètes de langue d'oc, créa un journal en provençal, La petite patrie, puis de la tenue annuelle de Jeux floraux'Pédagogue passionné, ardent patriote et administrateur de qualité, tel fut le flamboyant maire du XVème arrondissement.